C’est après un échange avec une jeune Malienne de sa résidence sur la vision de la femme, que Clara Gil, animatrice sociale au sein du FJT Jeune Cordée (75009), a eu l’idée de se lancer mi-janvier dans la préparation de cette animation. Une soirée sur une thématique dite compliquée : la sexualité. « J’ai décidé d’organiser un atelier sur toutes ces questions qui sont un peu taboues dans la société afin de répondre aux questions de celles qui ne sont pas forcément au courant de tout », raconte-t-elle.
Virginité, avortement, plaisir… Le but était de briser les a priori et les tabous, d’apaiser d’éventuelles souffrances, de répondre aux questions des unes et des autres, dans une société dont les codes sont parfois très éloignés des leurs. Issues de milieux très divers, avec des origines et des cultures très différentes, beaucoup de résidentes se posaient des questions et elles sont huit à avoir répondu présentes.
Pas mal de thèmes ont été abordés ce soir-là :
- L’anatomie en général
- Le plaisir féminin
- « Ma vulve au quotidien »
- « L’hymen, qu’est-ce que c’est ? »
- L’avortement
- La contraception
- Les violences sexistes et sexuelles
- Les questions du genre et la transidentité
Clara a sensiblement le même âge que les jeunes résidentes qu’elle accompagne. Un peu grâce à cela sans doute, elle a su créer avec elles un lien particulier : les filles se livrent facilement à l’animatrice sociale, elles se sentent en confiance. « Elles font bien la distinction et savent que je suis une professionnelle, mais du fait de mon jeune âge, se réjouit-elle, j’entretiens de très bonnes relations avec elles. »
En petit comité
Histoire de détendre l’atmosphère, la jeune femme a ouvert la soirée de manière ludique : « On a commencé par un quiz. De là, on est parti vers un débat, des échanges. » Aidée de supports – schémas, illustrations –, elle a pu répondre à toutes les questions.
Afin de les mettre à l’aise sur des sujets encore tabous, gênants pour certaines, Clara avait choisi un format un peu intimiste. « En général, dans notre résidence qui est un foyer non mixte, les jeunes femmes aiment assez le format « discussion en petit comité » ».
C’est le sujet du plaisir féminin qui les a le plus intéressées : « On a pu échanger longuement sur ce que les résidentes vivaient : les préjugés ou les jugements au quotidien, depuis le lycée, voire le collège. Il me semble que c’est le thème qui a été le plus « libérateur » pour elles, celui dans lequel elles se sentaient le plus libres et à l’aise pour échanger. » Beaucoup y sont allées de leur petite anecdote. Un vrai moment de partage !
Si certaines ont pu à l’occasion se sentir embarrassées ou moins concernées par l’un ou l’autre des sujets soulevés, les participantes – âgées ce jour-là de 17 à 26 ans – se sont globalement montrées à l’aise. Ce moment intime, cette fausse soirée « papotage entre copines », a été un succès. « Les échanges ont été très libres, les filles se sont livrées, c’était très naturel. »
D’ailleurs, elles en ont redemandé ! Et ça tombe bien, Clara a en tête un nouveau projet sur le même format : une soirée jeu avec des questions-réponses sur le « Harcèlement de rue ». L’objectif : s’armer avec des phrases toutes faites, un peu comme des flèches à décocher au prochain importun.