Forte de sa volonté de diversifier les accueils, l’ALJT s’est lancée dans le projet LOTUS à l’automne 2020. Destiné à favoriser l’intégration des réfugiés, le dispositif, très complet, s’est organisé en consortium avec Humando (emploi), qui pilote le dispositif, l’école Thot (cours de français), FACE (lien avec les entreprises), l’AFPA (formation) et Action Logement.
Sans surprise, à ce jour, le public concerné est composé à 100% de réfugiés hommes. Tous âgés de 20 à 30 ans, on compte parmi eux, beaucoup d’Afghans (50%), des Soudanais (25%), des Guinéens (17%) et des Somaliens (8%).
« Ces jeunes sont en France depuis plusieurs années et ils ont connu de nombreuses structures d’hébergement temporaires, précise Maryline Chareille, chargée d’accompagnement social de ce public à l’ALJT depuis juin 2021. Ils ont très envie d’aller vers du logement pérenne pour enfin se poser. » Leur histoire, leur parcours leur ont donné une motivation toute particulière, « une véritable envie, presque obsessionnelle, de s’en sortir ». Ils vivaient jusque-là dans des conditions difficiles – généralement des Centres Provisoires d’Hébergement (CPH), parfois à trois dans une chambre, mais aussi en colocation à cinq ou six dans un studio : « Alors quand les choses commencent à se décanter pour eux, ils sont à fond. Ils sont très sérieux, très demandeurs, ils honorent leurs rendez-vous, se déplacent sur plusieurs résidences. » Les difficultés qu’implique la barrière de la langue se contournent au fond assez aisément à l’aide d’applications de traduction.
Humando, à la manœuvre, assure avec ses partenaires un accompagnement socio-professionnel complet des jeunes, ainsi que leur suivi en entreprise. Après leur avoir fait passer des tests de niveau de langue, les équipes de cette filiale d’Adecco prévoient si besoin trois mois de préformation avec des cours de français, une mise à jour des papiers administratifs (Action logement, CAF, Sécurité sociale…). Après quoi, les jeunes sont dispatchés chez les employeurs. Humando construit le projet sur un métier (bâtiment, poissonnerie, boucherie, préparation de commandes…), avec de grosses entreprises telles que Véolia, Auchan, Bouygues, Suez… qui cherchent à embaucher et à former. Maryline, quant à elle, s’efforce de faire correspondre au mieux les futurs lieux de travail avec l’emplacement des résidences.
Prendre le temps nécessaire
De son côté, engagée sur la partie logement des stagiaires, l’ALJT accueille les bénéficiaires dans les mêmes conditions d’accès que les résidents de droit commun (Visale, contrat de travail…). Outre l’accompagnement individuel spécifique que leur propose Maryline, les jeunes accueillis dans le cadre du projet Lotus peuvent bien sûr bénéficier de l’accompagnement collectif et individuel offert dans les résidences. Ils font partie intégrante de leur résidence et sont conviés à toutes les animations. Maryline, épaulée si nécessaire par les équipes socio-éducatives en place, intervient soit au sein des résidences des jeunes concernés, soit dans une autre résidence faisant partie du projet. « Je me suis aperçue qu’il était encore plus nécessaire avec ce public de bien préparer l’entrée dans le logement, avec des conseils très pratiques, comme les petits achats indispensables, par exemple !, explique-t-elle. L’avantage réel de ce projet, c’est que je peux prendre le temps avec les jeunes que j’accompagne, car ils sont peu nombreux. Je peux faire les démarches avec eux et recommencer jusqu’à ce qu’ils soient autonomes pour les faire seuls. »
Comme un peu partout, la crise sanitaire a impacté le déroulé du projet ; les lancements des promotions ont été ralentis. Mais deux d’entre elles sont déjà terminées. Jusqu’à présent, un seul jeune a obtenu un CDI (de coffreur-bancheur), deux autres ont été engagés en intérim. Humando continue toutefois d’accompagner les jeunes, notamment lorsqu’ils n’ont pas tout de suite été embauchés : « Le lien est maintenu, pour vérifier que tout se passe bien. On ne les lâche pas. »
Pour ces jeunes, pas de doute, « le FJT est une bonne manière de faire la transition entre un CPH et le logement social ».