Près de 500 présidents, administrateurs et directeurs d’organismes privés non lucratifs se sont réunis sur la place du Palais Royal le 4 février dernier. Ils étaient partie prenante des 19 fédérations et collectifs associatifs cosignataires d’un appel au rassemblement visant à mettre en lumière les tensions majeures en ressources humaines que connaissent les secteurs sanitaire, social et médico-social, ainsi que leurs conséquences inquiétantes.
À cette occasion, un manifeste rappelant la multiplicité et l’urgence de ces enjeux, auxquelles s’ajoutent des problématiques spécifiques à l’Île-de-France, a été prononcé. Il a été suivi de nombreuses prises de parole témoignant de situations critiques, menaçant la continuité d’accompagnement des personnes fragilisées :
“Dans nos établissements, la moyenne du délai de vacance est de 16,6 mois pour l’ensemble des postes. Si l’on ne considère que les postes d’encadrement ou les fonctions support telles que la comptabilité, cette moyenne est encore plus affolante !”
“Les tensions de recrutement et de fidélisation que nous connaissons ont des conséquences graves sur la dignité des personnes accompagnées et leur famille, mais aussi chez nos professionnels. Nos directeurs passent leur journée à réaménager le planning des équipes en fonction des postes vacants et des absences, et doivent toujours se demander si les conditions de sécurité et de qualité d’accompagnement sont réunies.”
“En Seine-Saint-Denis, nous ne pouvons ouvrir certains de nos dispositifs faute de professionnels pour les faire fonctionner. Par exemple, nous sommes financés pour accueillir 100 personnes isolées souffrant de psychopathologies or actuellement, nous payons des loyers pour des logements vides et les bénéficiaires potentiels restent à la rue.”
“Nous sommes contraints de composer des équipes avec de jeunes professionnels pas suffisamment qualifiés ni diplômés, dans des conditions particulièrement compliquées, auprès de publics qui le sont tout autant. Nos écoles de formation se vident mais comment voulez-vous susciter de nouvelles vocations dans ce contexte ?”
“Comment prendre soin des autres lorsque l’on n’arrive même plus à prendre soin de soi ? Faute de rémunérations suffisantes et de reconnaissance, nos professionnels encore en poste habitent toujours plus loin de leur lieu de travail, s’épuisent à la tâche, sont parfois obligés de cumuler d’autres emplois…”
Vendredi 18 février se tiendra la Conférence des métiers et de l’accompagnement social et médico-social, annoncée de longue date par le Gouvernement afin d’engager une réflexion profonde autour de leur attractivité, associant l’ensemble des parties prenantes concernées.
À la veille de cette échéance cruciale pour les structures et professionnels dont il est question, et a fortiori pour les personnes en situation de vulnérabilité et leurs proches, le collectif interfédéral francilien, qui s’est depuis élargi à 21 organisations, reste particulièrement mobilisé et en alerte.
Signataires :
AIRe, CHEMEA, CNAEMO, CNAPE, CNLAPS, Dynamo France, Fapil, FAS Île-de-France, FDCMPP, FEHAP Île-de-France, GNDA, Hexopée, Idée 93, Interlogement93, Nexem Île-de-France, SOLIHA Île-de-France, UAPS, UNAFORIS, Union régionale solidarité femmes d’Île-de-France, URHAJ Île-de-France, Uriopss Île-de-France.