Comment permettre aux jeunes de laisser une empreinte de leur passage dans la résidence ? L’idée trottait dans la tête de l’équipe du FJT Marcel Callo de Versailles (Yvelines). Une envie doublée de la volonté de pousser les résidents à faire vivre davantage les espaces communs, à se les approprier plutôt que de rester cantonnés à leur seul logement.
L’idée d’une fresque et l’espace pour la réaliser étaient tout trouvés. La résidence dispose en effet d’une grande terrasse, largement exploitée aux beaux jours pour la détente ou les animations. Mais surplombant cette terrasse, un grand mur bien triste et bien nu. L’occasion d’en faire un espace joli et convivial était trop belle.
C’est 2H le Graffeur (prononcer « deux heures »), issu du 78 et pratiquant le street art depuis bientôt 18 ans, qui a été choisi pour mener à bien ce projet. Habitué à intervenir en milieu scolaire et dans des structures spécialisées lors d’ateliers d’éveil et de sensibilisation, il avait une consigne : faire participer les jeunes de bout en bout et leur apprendre à graffer.
Il a procédé en trois temps au mois d’avril dernier. Pour commencer, une première prise de contact lors d’une séance d’apprentissage du graff : au cours de cet atelier, les participants ont pu en apprendre davantage sur cet art de rue, sur les différentes typographies existantes. Ils ont même pu s’initier en graffant leur « blase » sur des casquettes. Une bonne approche avant de réfléchir ensemble au projet de la future fresque. Pour cela, ils ont dû répondre collectivement à la question « Et pour vous, c’est quoi le FJT ? ». Diversité, rencontre, partage, famille, solidarité… sont parmi les mots clés qui sont ressortis de ce grand « remue-méninges ». « Rencontre et Partage » ont fini par se détacher du lot. Pour illustrer ces deux notions, les idées ont de nouveau fusé : mixité, homme/femme, joie, pep… À partir des échanges, des souhaits exprimés et de la faisabilité, le graffeur a alors proposé divers moyens de les représenter. Une fois le croquis réalisé et validé, il ne restait plus qu’à graffer. 2H le Graffeur s’est occupé de l’esquisse, puis il a laissé la place aux jeunes, qui ont, comme prévu, mis la main à la pâte : ils ont choisi les couleurs et se sont chargés du remplissage. L’artiste n’a fait que « peaufiner » leur travail, avant d’inscrire les noms des quelque vingt jeunes participants à droite de la fresque. La dynamique de partage des savoirs et d’échange s’est retrouvée jusque dans l’assiette : un résident avait cuisiné pour faire découvrir aux autres un repas de chez lui.
Laisser une trace de son passage
Le résultat ? Avant toute chose, un jardin embelli dont tout le monde profite, d’autant que la moitié des logements donnent directement sur le mur. Mais surtout, une immense fierté ! Des participants, d’abord, ravis de montrer cette action qui sort de l’ordinaire et qui accroche le regard à leurs camarades et ravis de « marquer les lieux ». De l’équipe, ensuite, composée d’Elodie Aubry, Olivier Wembanyama et Elisabeth Leroux (intervenants socio-éducatifs), Noémie Lechevestrier (chef de service). Cette œuvre collaborative a permis à chacun de développer ses compétences artistiques, tout en créant du lien et en investissant encore un peu plus l’espace du FJT.
Aux Apprentis d’Auteuil, le retour a été tout aussi positif. Les instances étaient heureuses que le projet ait pris forme après une telle mobilisation de temps et d’énergie, mais aussi que les jeunes soient véritablement acteurs des actions menées. Elles ont vu dans les termes choisis un véritable accomplissement. La fresque sera inaugurée mi-juin auprès des partenaires, à l’occasion des 3 ans du FJT.
Cette volonté de rendre les institutions plus belles, plus attrayantes, plus joyeuses, de donner de la vie d’une autre manière a fait des envieux : d’autres FJT, réalisant qu’un tel projet n’était finalement pas si compliqué à mettre en forme en termes de budget ou d’investissement, envisagent déjà de se lancer à leur tour !