Un besoin croissant sur les territoires
Depuis les années 70 la part des familles monoparentales ne cesse d’augmenter en France pour représenter aujourd’hui près d’un quart des familles avec enfant mineur. De plus, le taux de pauvreté des enfants mineurs est deux fois plus élevé chez les familles monoparentales que pour l’ensemble des enfants.
Les résidences-FJT constituent une solution pour le besoin croissant des territoires de loger ces familles. Tellement plus qu’un logement, les jeunes y sont accompagnés par des professionnel·les socio-éducatifs : pour ouvrir des droits et accéder à des dispositifs de soutien, pour retrouver une activité professionnelle, pour se socialiser quand certains sont dans un grand isolement, pour connaître les dispositifs liés à la parentalité sur le territoire… Les résidences-FJT de notre région ont su s’adapter rapidement pour répondre aux besoins : entre 2017 et 2021, le nombre de résidences (collectives et dans le diffus) accueillant ce public a augmenté de moitié, passant de 16 à 24. Aujourd’hui, dans chaque département francilien, au moins une résidence de notre réseau accueille des familles monoparentales.
Dynamique régionale : outillage et développement des compétences
Les équipes socio-éducatives des FJT ont une expertise dans l’accompagnement des jeunes vers l’autonomie et l’émancipation, néanmoins les familles monoparentales ont des besoins bien spécifiques qui nous obligent à développer de nouvelles compétences et partenariats.
C’est pourquoi, l’URHAJ a initié depuis 2014 une dynamique d’outillage et de développement des compétences sur l’accompagnement de ce public. En 2019, une enquête a été menée et a abouti à la publication d’un livret « Familles monoparentales en résidences-FJT : retours d’expériences et préconisations » illustrant les bonnes pratiques à mettre en place dans les résidences. Il constitue alors une première base de travail et de réflexion pour les directions et conseils d’administration réfléchissant à ouvrir des places dédiées. L’URHAJ est également un organisme de formation, ainsi nous avons pu concevoir en concertation avec les directions des établissements qui accueillent ce public, une formation sur-mesure à destination des équipes socio-éducatives des résidences. L’objectif : développer les compétences des professionnel·les afin d’adapter l’action socio-éducative aux spécificités des familles. Pour cela, nous avons fait appel à de nombreux partenaires experts : la PMI de Paris (Protection maternelle infantile), la CAF du Val-de-Marne, la CRIP de Paris (Cellule de recueil des informations préoccupantes) ou encore une psychologue clinicienne.
Le partenariat : la clef d’un accompagnement de qualité
A travers l’ensemble de nos travaux, un élément s’est révélé primordial : cet accompagnement ne fonctionne que s’il est effectué en lien avec les partenaires du territoire.
Les collectivités territoriales sont essentielles afin de faciliter l’accès à des places en crèches, élément central pour l’insertion professionnelle du parent seul avec son enfant. De plus, un accès privilégié de ces familles au parc social de la collectivité, grâce à la proximité, permet au parent de conserver le mode de garde, l’école, le médecin de l’enfant ou son activité professionnelle après sa sortie du FJT.
Un lien étroit avec la PMI du territoire est essentiel, il permet un suivi de l’enfant dès son plus jeune âge et un soutien à la parentalité précieux.
Une collaboration avec la CAF du territoire permet un accompagnement plus aisé des familles vers des dispositifs dédiés. Un partenariat qui a notamment fait ses preuves dans les Yvelines.
Une connaissance des structures de soutien à la parentalité, municipales ou associatives, permet aux familles de s’épanouir dans ce nouveau statut et de vivre leur parentalité de manière positive.
Enfin, un lien étroit avec les partenaires du territoire (CIDFF, CRIP…) permet aux professionnel·les de savoir quand et vers qui orienter les jeunes tout en assurant un suivi.
Des bonnes pratiques sur le territoire du Val-de-Marne
Sur chaque territoire, l’accueil des familles monoparentales se traduit non seulement par le développement des partenariats spécifiques, mais aussi par l’adaptation de l’accompagnement socio-éducatif et du cadre de vie au sein des résidences. C’est le cas de l’ALJT Créteil qui a ouvert ses portes aux familles monoparentales depuis 2020 pour répondre aux besoins du territoire. Ainsi, six logements initialement dédiés aux couples ont été transformés pour les familles. Depuis, une soixantaine de candidatures ont déjà été reçues, affirmant fortement l’intérêt de cet accueil !
Tout a été conçu pour répondre aux besoins des familles : une chambre modulable, qui permet de séparer un espace pour l’enfant d’une partie « pièce de vie » grâce à une cloison vitrée et des rideaux ; un mobilier dédié pour le parent et son enfant. Un lit gigogne permet notamment à un proche de venir aider la maman en fin de grossesse ou dans les quelques semaines qui suivent l’accouchement. De plus, l’équipe s’attache à toujours améliorer ses conditions d’accueil. Ainsi, après avoir consulté les mamans logeant dans ces studios, elles ont complété le mobilier avec des rangements supplémentaires, une chaise haute, une table à langer…
L’adaptation des espaces ne s’est pas arrêtée à l’espace privé : les équipes ont mis en place un local qui leur est réservé afin de ranger les poussettes, trottinettes et vélos des enfants. Enfin, une salle de jeux très fournie a également vu le jour, notamment grâce au soutien de la Caf du Val-de-Marne. Le règlement de fonctionnement de la résidence a également été modifié, entre autres pour favoriser les modes de garde.
Du côté de l’accompagnement, le premier axe développé a été de faire se rencontrer les familles accueillies afin d’encourager les échanges et les solidarités. Un pari réussi, car les familles se retrouvent plusieurs fois par semaine dans la salle de jeux et ont un groupe Whatsapp dédié pour discuter. Ensuite, l’ALJT a mis en place 7 ateliers avec l’association Papoto (soutenue par de nombreux partenaires). Ses objectifs ? Aider les jeunes parents à mieux comprendre les besoins de l’enfant et ajuster leurs pratiques parentales. Quelques mois après l’arrivée des premières familles, Sira Sangare, responsable du pôle Créteil & Nogent-sur-Marne, fait un bilan positif de leur présence. « Elles ont su créer des solidarités entre elles, mais aussi avec les autres résident·e·s qui connaissent bien les enfants maintenant et sont très respectueux de ces petits voisins », conclut-elle. Pourtant, l’association ne souhaite pas s’arrêter là : la transformation de deux nouveaux logements est déjà programmée. Les prochaines étapes ? Renforcer et développer des partenariats sur le territoire, une dynamique déjà bien lancée avec le Conseil départemental qui a permis à deux familles d’accéder à un mode de garde.